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30 septembre 2009

"COURLANDE" DE JEAN-PAUL KAUFFMANN

courlandePrésentation de l'éditeur

La Courlande, pays de nulle part ? Longtemps occupée par les Soviétiques, interdite d'accès jusqu'en 1991, cette contrée des confins bordée par la mer Baltique surgit aujourd'hui intacte avec ses ciels infinis, ses forêts, ses plages désertes et ses châteaux en ruine détenus naguère par les barons baltes, descendants des chevaliers Teutoniques. Poursuivant une très ancienne histoire d'amour, Jean-Paul Kauffmann a succombé à l'attraction de cet ailleurs, dernière écluse entre le monde slave et le monde germanique. Ce récit de voyage est aussi une enquête sur la disparition : il s'agit de retrouver la trace d'une jeune Courlandaise, d'un chercheur de tombes, d'un monarque français... Retrouver aussi un pays, autrefois une anomalie historique, aujourd'hui à la recherche de son âme.

 

Biographie de l'auteur
Jean-Paul Kauffmann est l'auteur, entre autres, de L'Arche des Kerguelen (1993), de La Chambre noire de Longwood (1997) et de La Maison du retour (2007).

 

Cette fois-ci, c'est un billet double sur le même livre. Dang, mon complice du Web qui m'a fait redécouvrir JP Kauffmann, a écrit ce premier billet. Le mien suit. Je précise que nous l'avons écrit séparément sans copier l'un sur l'autre.(on ne truande pas chez moi :) ) Un grand merci Dang ! Thaïs

Depuis déjà bien des années, je me demande si Jean-Paul Kauffmann  n’est pas l’un de nos meilleurs écrivains contemporains. On m’objectera qu’il faudrait d’abord s’entendre sur le terme « bon écrivain ». Pour moi, le grand écrivain est l’auteur que l’on retrouve toujours avec plaisir. Son style est comme une petite musique qui nous ravit. Aussi, et cela n’est pas la moindre de ses qualités, il a quelque chose à dire.

 

Kauffmann  réunit à mes yeux toutes ces qualités. Son style est fluide, limpide, simple, reposant. Il n’a pas son pareil pour décrire les couleurs et, mieux encore, les odeurs. Dans la « Chambre noire de Longwood » il nous faisait sentir le bois fraîchement ripoliné. Dans « Courlande » il multiplie les descriptions olfactives. Il entre dans un château transformé en école et lui parvient de la cantine des effluves de charcuterie fumée et de désinfectant. Ailleurs, il est saisi par une indéfinissable odeur de feuilles mortes, de végétaux en décomposition. Toujours, on le lit avec ferveur  et lorsque l’on referme le livre on est presque déçu d’avoir déjà terminé. Même les longueurs (et il y en a dans « Courlande ») nous donnent l’impression de devenir l’un de ses intimes. C’est peut-être là son trait de génie, on passe un bon moment en compagnie d’un ami. Il emmène le lecteur à sa suite en voyage (ici dans une région de Lettonie), il est nos yeux, notre odorat.  Avec un ravissement sans cesse renouvelé, nous l’écoutons nous parler de ce qu’il voit, des gens qu’il rencontre, des idées qui inondent son cerveau.

 

« Courlande » c’est une histoire d’amour, c’est un reportage journalistique, c’est une magistrale leçon de géographie, de géopolitique, c’est une réflexion sur l’Histoire, sur les hommes qui font ou qui subissent l’Histoire.

 

Avant Kauffmannje suis allé en Lettonie. J’ai visité des châteaux construits par les barons germano-baltes raffinés et décadents qui vivaient en marge d’une population lettone exploitée, méprisée et qui les haïssait non sans raisons. J’ai vu les effets de la sournoise colonisation de peuplement imposée par les soviétiques (35% au moins des habitants sont des  russes devenus apatrides  qui vivent chichement dans ce pays où ils  espèrent encore retrouver le haut du pavé comme avant la chute du communisme), j’ai longuement visité Riga, capitale de l’Art Nouveau, comme Kauffmann  je me suis souvent retourné sur ces belles grandes jeunes filles blondes au teint clair, comme lui j’ai vu un pays romantique avec ses forêts sombres, ses dunes monotones, ses plages désertes, le gris de la Baltique, la campagne où dominent les couleurs noir et blanc comme dans un film de Dreyer.

 

Mon regret ? Ne pas avoir eu « Courlande » dans mon sac lors de mon périple. J’aurais aimé le lire le soir à l’hôtel. Il se dégage de ce vagabondage littéraire (Stendhal n’est jamais  bien loin) un charme suranné, un je ne sais trop quoi de mélancolique qui vous attache au pays autant qu’à ses personnages. Des Kerguelen aux Landes en passant par Sainte-Hélène et maintenant la Lettonie, Kauffmann n’en finit pas de regarder vivre le monde, ce qui lui fut refusé pendant sa longue détention. Il se rattrape aujourd’hui, pour notre plus grand bonheur.

DANG

 


 

Encore une fois Jean-Paul Kauffmann nous fait voyager. Après les Iles Kerguelen et Sainte-Hélène, nous voici dans les pays Baltes et plus exactement dans une région essentiellement basée en Lettonie. Il part là-bas pour des raisons professionnelles, il est journaliste tout de même mais aussi personnelles, missionné par un cousin, mais aussi sentimentale (se rappeler une ex copine Courlandaise connue au canada).
Ce livre "Courlande" n'est pas un livre d'aventures au sens où on l'entend habituellement. C'est un écrit fidèle à ce que je connais de Jean-Paul kauffmann puisqu'il nous emmène dans le sillage de ses propres découvertes. Nous nous baladons de châteaux en rencontres, de visites en désillusions. Nous apprenons l'histoire de cette terre de Courlande qui a privilégié un moment le commerce extérieur et la construction navale, grâce à son Duc de Courlande, qui a même implanté des comptoirs lointains. Le joug soviétique a anéanti le particularisme de cette région.
Nous captons à travers la visite du cimetière tout le drame qu'ont pu vivre des étrangers et notamment les "malgré-nous", ces alsaciens enrôlés de force dans la Wehrmach.
Mais l'intérêt des livres de JP Kauffmann réside aussi dans toutes les autres facettes du pays qu'il nous offre : la musique avec les "douina", mélopée chantée lors des célébrations de la Saint Jean, la peinture, les auteurs dont Keyserling (j'aimerais en lire un) et fidèles à ses amours, il exerce ses papilles en dégustant des vins de la vallée de l'Abava, la "Suisse de Courlande". (je viens de découvrir avec plaisir que c'est lui qui a écrit un livre passionnant sur le château yquem, livre lu il y a une dizaine d'années dont je cherchais l'auteur).
Il nous parle aussi de l'indicible, de ce qu'il perçoit des habitants."ici on tient la timidité pour une vertu", de l'accueil souvent froid. Il nous surprend aussi par sa ténacité à comprendre, à forcer les portes des sites fermés, à se rendre sur place pour contempler et sentir même s'il n'y a pas grand chose à voir. Et puis l'âme de ce pays ne se comprenant qu'à la saison la plus rude, l'hiver ; Ainsi, il prolonge son séjour pour se mettre dans les mêmes conditions que certains auteurs. Bref dans ce livre on retrouve un JP kauffmann soucieux de comprendre et de nous faire ressortir l'essentiel, pas forcément visible dans ce pays. Il n'y a rien d'extraordinaire ici. Tout est ténu, de l'ordre du ressenti. D'aucuns pourraient dire qu'il s'est perdu dans les confins des Pays Baltes. Il 'en est rien. Je reconnais certaines longueurs notamment historiques mais je suis mauvais juge n'étant pas férue d'Histoire. Je retrouve l'auteur que j'aime, curieux, affable et sensible qui sait raconter l'indéfinissable.

THAIS

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Commentaires
T
@Leiloona :ne te prive pas [;)]<br /> <br /> @Florinette :coucou ma Florinette ! et beh cet hiver tu t'y colles [:D] bisous [Bisou]<br /> <br /> @Dang :Je pense que c'est celui là mais impossible de remettre la main dessus. Dans nos nombreux déménagements, le livre a du s'égarer. En fait il nous a été offert avec une bouteille de château Yquem de l'année de notre mariage (excellent cru 1990), comme je ne bois pas, j'ai lu le livre [;)]que j'ai trouvé très bien sans réaliser que c'était de Kauffmann.<br /> Je vais vite trouver "le saut de l'ange". Je n'irai pas pour autant sur Paris à Saint Sulpice, sauf si j'ai l'occasion et que le livre me branche. Et j'essayerai de trouver la vidéo.<br /> Ah les fast-food ! après le château Yquem ça dénote mon cher Dang [:D]<br /> Bises [Bisou]
D
@Thaïs : non je n'ai pas lu le livre sur le Château Yquem. Je ne savais même pas qu'il existait.S'agit-il de "La morale d'Yquem, entretiens avec Alexandre de Lur Saluces"? Il en est un que j'aimerais bien lire c'est "Le Bordeaux retrouvé", mais il a été publié hors commerce.<br /> Tout à fait d'accord avec toi pour l'influence du moment sur l'intérêt porté à un livre. Je me souviens avoir lu Mauriac ("La fin de la nuit") un jour où je m'ennuyais à mourir et les premières pages correspondaient si bien à mon humeur du moment que j'avais l'impression de les avoir écrites.<br /> As-tu lu "La lutte avec l'ange"? Je l'ai lu avec plaisir et je suis même allé à St Sulpice pour contempler le tableau de Delacroix. Mais en revanche je n'ai pas bien saisi où il voulait en venir.Aurais-tu des lumières? Je sais qu'il a été interviewé sur ce livre mais je ne trouve pas la vidéo (je crois que c'était chez Pivot).<br /> Dis-donc...pour les belles grandes jeunes filles blondes de Riga...tu es tenue par le secret professionnel! Une anecdote d'ailleurs à propos de ces beautés baltes : la base de l'alimentation est très lourde en Lettonie,on mange beaucoup de saucisses, de charcuterie, de choux, de pommes de terre. Eh bien en dépit de cette alimentation l'obésité était rare et la cellulite chez les femmes totalement inconnue.Après l'indépendance (en 1992 si je me souviens bien) on a ouvert des fast-foods à Riga (je devrais dire des "néfaste-food") qui ont eu immédiatement beaucoup de succès auprès des jeunes. Le résultat est sans appel, les belles blondes qui m'ont fait chavirer commencent à avoir des problèmes de cellulite et en province, là où il n'y a pas de fast-food, la cellulite reste inconnue. C'est dingue non? C'est en tout cas à méditer.
F
Ce n'est pas la première fois que l'on me conseille cet auteur et ton billet m'incite à faire le pas. Bonne soirée Thaïs, bisous !
T
oui j'ai aimé "la maison du retour" pour ce côté intimiste; néanmoins j'ai adoré "l'arche des Kerguelen", "la chambre noire de Longwood" et "courlande" pour l'inattendu et la part de rêve que ces livres dégagent. qui pense que les iles Kerguelen,bout de terre sans rien ou que Sainte Hélène font rêver ? Qui pense que "Courlande" est une vraie région en Europe et non un pays imaginaire ? peut-être ai-je lu ces livres à un moment où mon désir d'évasion était à son maximum, très receptive donc, alors que ce n'était pas le moment pour moi de lire la "maison du retour" alors que j'aime pourtant ce côté intime. Je crois vraiment que notre moment de lecture influence fortement notre perception d'un livre.As-tu lu celui sur le chateau Yquem ? Bonne soirée [Bisou]
D
@Thaïs : Pour la définition du grand écrivain j'ai dû mal m'exprimer car ce que je voulais dire est très proche de ce que tu dis. <br /> C'est bizarre ce que tu as ressenti en lisant "La maison du retour" car j'ai adoré ce livre, si intimiste et où l'on retrouve toutes les qualités de Kauffmann (on sent l'odeur de la chaux en train de sécher sur les murs, on déguste le grand bordeaux avec lui, on a les narines qui frémissent à sa description du café du matin etc...).
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