"LA CHAMBRE NOIRE DE LONGWOOD" DE J.P. KAUFFMANN
Napoléon, tout le monde a entendu parler de lui. Tout le monde connaît plus ou moins son parcours. En ce qui me concerne, c'est plutôt moins que plus, car comme je l'ai déjà dit, l'histoire ne m'intéresse qu'assez peu. Mais je dois dire qu'avec J.P. Kauffmann, je découvre l'histoire autrement et elle me semble passionnante. C'est celle de Napoléon à Sainte-Hélène. Non pas le pourquoi, ni les faits et les gestes de cette situation avec des listes de dates. Non ! c'est l'histoire de son environnement, cette île perdue au milieu de l'océan Atlantique, à 15 jours de bateau de Cardiff, et comment celui-ci a pu agir sur l'homme.
Jean-Paul Kauffmann dans ce livre décrit avec moult précisions Sainte-Hélène,cette île anglaise avec une petite enclave française Longwood. C'est ici que Napoléon résidera pendant 6 ans, d'octobre 1815 à mai 1821. Il nous décrit l'île de maintenant au climat et à la végétation contrastés. A travers ce pélerinage sur les traces de Napoléon et grâce à ses lectures, l'auteur va imaginer dans cette maison de Longwood les humeurs, les sentiments et les pensées de l'ex-empereur déchu. Pièce par pièce, Jean-Paul Kauffmann déambule dans cette maison pour faire parler les murs, les tableaux, les odeurs et la lumière. On y découvre un Napoléon sensible aux odeurs, au toucher, à la palpation, un Bonaparte qui aime les bains chauds vecteurs de sa réflexion. On y apprend aussi qu'il préférait les vins de Bourgogne qu'il buvait avec de l'eau ! A Sainte-Hélène, on ne lui servait que du Bordeaux, très prisé des Anglais. (les voyages en bateau sont excellents pour le Bordeaux car la richesse en tanin assouplit le vin).
Il ressasse aussi ses échecs, Eylau et Waterloo, pour comprendre.
"Quand il évoque ses échecs, il se livre non pas à l'autocritique mais à un étrange jeu de l'erreur. Il recherche la pièce maîtresse qui fait défaut, le détail qui l'a mis en difficulté. Au sujet de Waterloo, il dit "Tout m'a manqué que quand tout avait réussi".C'est dans cette pièce qu'il a cherché à élucider l'énigme."
Puis à partir de novembre 1816, la lassitude va prendre le dessus et sa santé se dégrader.
"Le captif s'est intoxiqué lui-même avec son passé. L'emmuré s'est inoculé jour après jour le venin de l'ennui."
Vous vous souvenez, j'avais apprécié l'arche des Kerguelen. J'ai aussi apprécié cet autre voyage dans le temps. Le présent aide à comprendre le passé. C'est un voyage tout en finesse, plein de détails où priment l'observation des paysages mais aussi celle des tableaux avec des questions en suspens, et des objets. Le style Kauffmann toujours empreint de poésie avec quelques petites longueurs cependant.
Le mot de la fin à Jean-Paul Kauffmann : "On ne visite pas Longwood, c'est Longwood qui vous visite."