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4 avril 2008

SOUVENIRS, SOUVENIRS "COSI FAN TUTTE"

Il y a des soirs où l'on voudrait que le temps se fige.

Arrivés à L'opéra Garnier, nous laissâmes nos quant-à soi et nos humeurs au vestiaire de ce palais de marbre et d'or construit à la fin du XIXème siècle.

Nous prîmes le grand escalier majestueux, mon compagnon obligatoirement cravaté pour la circonstance et moi en robe de soirée, sans crinoline toutefois, pour rejoindre la salle de spectacle rouge et or. Nous rejoignîmes nos places au 4ème rang à l'orchestre et là, nous nous abandonnâmes dans un nuage de contemplation.

Bon, comment raconter ce qui se perçoit avant tout ?

C'était il y a une quinzaine d'années, ma mémoire forcément sélective a retenu certaines impressions.

Assise sur un fauteuil confortable rouge, je ne sais plus où donner de la tête. Entre les toilettes de ces dames et le cadre somptueux, mes yeux se perdent dans un océan de découvertes. Le lustre gigantesque ainsi que le plafond peint par Chagall participent à l'atmosphère de raffinement que je perçois.

Puis les lumières s'éteignent, le silence se fait, le chef d'orchestre apparaît, salue, se met en place et là, la grâce tombe sous forme de notes de musique. La délicate harmonie des gestes, des voix et de la musique m'enrobe d'une douce quiétude.

C'est Cosi Fan Tutte : extrait

A l'entracte, il fait bon parcourir les différents foyers décorés de peintures et de sculptures où des réceptions privées s'organisent. Je rencontre au bar un ancien copain du judo, lui était ceinture noire, moi jaune, j'éviterais donc l'ogoshi ma prise favorite, pour le saluer !

Puis il faut rejoindre son fauteuil assez vite, se délecter une fois encore de cette atmosphère, se fondre dans son fauteuil aux accoudoirs imposants qui matérialise cette délicate distance entre les êtres. Le chef d'orchestre revient comme prélude à un doux moment, et la musique reprend ses droits. J'ai toujours admiré les maestros ; en fait, ce que j'aime en eux c'est qu'ils sont passionnés, ils habitent leur partition et dirigent avec élégance l'orchestre. Je ne sais pas d'ailleurs s'il existe des chef d'orchestre femme.

Le final et les applaudissements retentissent, les fleurs valsent, je n'ai d'yeux que pour mon chef d'orchestre. Le rideau se baisse ; je quitte la magie d'un lieu rouge et or pour retrouver la magie d'un être en or.

C'était une soirée musicale de lumière, qui a mis en évidence le relief de ma sensibilité, pour retourner dans la pénombre d'une vie monotone.

Et c'est cela qui reste, le relief, la prescience du Beau.

F. Dard disait : "les souvenirs sont doux à qui les raconte. Chiants à qui les écoute"

Je me permettais juste à travers ce souvenir de véhiculer l'idée selon laquelle ce sont tous ces reliefs qui ponctuent notre vie, quelle qu'en soit la forme, la pimente, la nourrisse, la façonne pour créer une longue liste de souvenirs.

Chacun les siens. Au fait, c'est quoi les vôtres ?

Pour mes lecteurs puristes : Album avec Elisabeth Schwarzkopf, Nan Merriman, Graziella Sciutti, Lugi Alva, Rolando Panerai, Guido Cantelli

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Commentaires
E
allons-y ensemble?
T
welcome effi !<br /> tu as bien raison et un de mes rêves c'est d'aller l'écouter à Salzbourg !
E
si les ors sont beaux ,tant il est vrai qu'un beau décors sied à une représentation d'exeption, n'oublions pas la musique, qui? mozart, pas moins, et là je pense qu'il faut redevenir humble, c'est sûr dang que tout le monde n'est pas à la hauteur pour offrir ce chef d'oeuvre à nos oreilles, mais bon, l'intention compte aussi, j'ai assisté à des massacres en règle, il faut parfois pardonner; et bien sûr, comme le disait karl böhm, karajan, desprosges ou je ne sais plus qui, désolé, le silence chez mozart, c'est encore du mozart; bon tout cela pour dire T. que je t'envie d'avoir assisté à cette représentation.
T
tu as raison, ce n'était pas un souvenir amoureux. A la base, c'était uniquement un souvenir qui marque : là c'était le cadre,la musique et il se trouve que mon homme était là. Dons c'est un souvenir commun. Mais cela aurait pu être un autre moment lors d'un voyage, une soirée entre amis ou une rencontre. C'est la raison pour laquelle j'ai écris "qu'elle qu'en soit la forme". Et c'est plein de petits souvenirs comme cela qui forgent une ligne de vie.
D
Je n'avais pas compris que Thaïs voulait un souvenir amoureux et c'est vrai qu'à Oxford si je l'avais été j'aurais montré plus d'indulgence pour la mise en scène. Cela me rappelle "The Genius and the Goddess" d'Aldous Huxley qui n'est pas traduit en français et dont j'ai déjà parlé je crois sur un chat. Le personnage dit qu'il aimait sa déesse dans une ville industrielle impossible mais que l'amour avait transformée en un lieu magique.Et il l'aimait tant qu'il se satisfaisait de simplement la contempler, un peu comme Dante et Béatrice mais sans même avoir besoin de voir des courtisanes en cachette, comme le faisait Dante. Le personnage de Huxley était irradié d'amour et cet amour fou était chaste. Une jeune fille à qui je faisais découvrir ce texte me dit : "j'aimerais un jour être aimée comme cela". C'est cet amour pur, chaste avant d'être charnel, total, que Drieu n'a jamais connu parce qu'il était bien trop égoïste pour cela, égoïste mais lucide sur lui-même d'où son spleen.<br /> Pour revenir à des souvenirs amoureux et musicaux, si on accepte de dire que la voix est un instrument de musique j'ai un souvenir intéressant. A l'époque de la photo que vous connaissez, Thaïs et Anastasie, je suis allé voir "Under Milk Wood" de Dillan Thomas ("Au Bois Lacté") à l'école d'art dramatique de l'abbaye de Dartington Hall, en Angleterre, dans le Devon. Je n'ai rien compris à la pièce, mais entre la présence à mes côtés d'une jeune fille qui représentait pour moi "le bonheur" et ces voix sur la scène j'ai cru un instant que le monde était soudain devenu "beauté". J'ai appris par la suite qu'il n'y avait rien à comprendre, que tout était dans les sonorités des voix assimilées à des instruments de musique.Il y avait comme un arc magique qui passait entre ma cavalière et la scène et moi j'étais au centre de cet arc irréel qui me donnait l'impression d'être sublimé.
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