"J'AIMERAIS VIVRE UN JOUR ENCORE" D'ERIC VAN HAMME
4ème de couverture :
"Je suis restée plantée là, comme un boxeur K.-O. debout, le ciel d’un
coup metombait sur la tête. J’ai mis plusieurs secondes pour réaliser
que je m’étais laissée prendre à mon propre fantasme. Quelle ingénue…
J’ai séché les cours mais pas mes larmes, complètement anéantie. J’ai
pensé au pire, passant de longues heures sur la passerelle surplombant
la voie ferrée, regardant passer les trains directs pour Paris lancés à
pleine vitesse. J’ai hésité mais n’ai pas pu…"
Editeur : actiliamultimedia
L'auteur : Eric van Hamme vit en Ile de France. Son blog
Fichtre je crois que c'est le billet le plus difficile à rédiger que je porte à votre attention.
Difficile car c'est Eric lui-même qui me l'a offert sur le quai d'une gare lors d'un sympathique speed-meeting. Si j'imagine l'attente et les interrogations d'un auteur une fois sa création lancée, c'est une pression que de le critiquer sans complaisance mais avec bienveillance.
Difficile aussi car les sujets abordés ne sont pas légers. Je dirais même que certaines de ces nouvelles, puisque c'est recueil de cinq nouvelles, sont violentes, dures et prennent aux tripes.
Petit aperçu :
"Pas la peine de revenir". Nouvelle très noire qui décrit avec acuité la douleur d'une ado incomprise, pas aimée qui n'entrevoit aucun avenir. C'est dur à lire, poignant et très bien rendu par un vocabulaire adapté.On reste scotché et mal à l'aise d'autant que malheureusement ce constat doit être assez fréquent, même si l'issue proposée ne l'est pas.
"33" Cette longue nouvelle répond à cette question : quand commence la vie ? Elle est forte, dense. Eric utilise continuellement des analogies fort plaisantes. Vous comprendrez lesquelles si je vous cite "Je fais l'amour comme je fais la cuisine, en créatif inépuisable". On se régale de tout : de la chute (même si on peut l'imaginer) et du vocabulaire choisi avec des jeux de mots dont on ne se lasse pas. Quelques digressions ne me semblent pas trop nécessaires (la cuisine moléculaire, le laïus sur les banquiers même si les propos sont intéressants). Cette nouvelle fait partie de mon top five.
"Une sensation de déjà vu". c'est une étrange nouvelle que nous propose Eric. Comment et pourquoi une femme vole la vie d'un homme. Une photo comme flash de départ pour que la lumière jaillisse dans une mémoire atrophiée. L'analyse du personnage féminin est développée un peu trop rapidement mais le caractère est bien rendu ; celle du personnage masculin bien écrit mais à mon sens il a du mal à être crédible.J'ai du mal à imaginer que quelqu'un frappé d'amnésie à un moment de sa vie arrive à faire des choses sensées, traduire des textes, sans s'interroger sur son enfance ou ses racines et à tout le moins sans que l'extérieur ne s'intéresse à son identité. A part ses considérations très terriennes, j'ai beaucoup apprécié cette nouvelle.
"La dédicace" m'a fait sourire : un primo-romancier vaniteux face à un éditeur peu scrupuleux.
Un bon cru ce recueil de nouvelles, dégusté d'une seule traite face à la cheminée. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elles ne sont pas lisses et nouvellement correctes. Elles activent notre palpitant. La photo et le titre en disent long sur leur contenu.
Après le "le fil d'Ariane", Eric Van Hamme signe là une création toute personnelle, l'univers singulier d'un homme singulier que je vous invite à découvrir.
Merci Eric de ta confiance et de la petite surprise à la fin du livre.