"CHANSON DES MAL-AIMANTS" DE SYLVIE GERMAIN
La narratrice, abandonnée à sa naissance à la porte d'un couvent, vagabondera au fil des ans d'une place à l'autre, à travers la France. C'est comme si elle n'avait pas de vie propre, mais elle participe intensément à celle des autres et aux drames dont elle est le témoin, sondant toujours plus profondément les mystères du cœur et du corps humains en lesquels rôde si souvent la folie. Elle grandit dans les Pyrénées, parmi des enfants qui attendent en vain le retour de leurs parents chassés par la guerre, puis dans une auberge où l'on pratique un culte truculent de l'ours, ensuite dans un manoir où pèse un secret en forme de cruelle mascarade. Devenue adulte, elle est servante dans divers hôtels, dans un bordel champêtre, dans un bistrot de gare, puis à Paris où elle côtoie des gens insolites, parfois inquiétants, et où elle finit chanteuse de rue avant de revenir dans les Pyrénées. Dans la splendide sauvagerie des montagnes et dans celle, bien plus féroce, de la ville, elle ne cessera de creuser et de fortifier sa solitude, ainsi que son don de compassion.
L'histoire banale d'une fille abandonnée lors de sa naissance dont la vie va être balisée par des abandons et des trahisons. C'est touchant, bien écrit, juste ce qui faut de mots comme diraient certains, pour décrire des situations et des sentiments.
De plus, c'est la première fois que je me fais cette réflexion, si je devais écrire un livre, c'est ce style là que j'emprunterais : beaucoup de distance, un ton légèrement désabusé mais humoristique pour nous faire saisir l'essentiel. A aucun moment, le style est larmoyant. Je note la finesse d'une écriture pour nous décrire une bulle de misère et de solitude. (bon je sais ma réflexion stupide puisqu'il faut adapter le style au contenu mais c'est pour vous dire combien j'ai aimé son écriture)
J'avais apprécié ma lecture de "Magnus" il y a quelques années et là en refermant le livre, je suis toujours charmée par cet auteure.