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30 août 2008

"LA FAUSSE VEUVE" DE F.BEN SADOUN

la_fausse_veuvePrésentation de l'éditeur : Aujourd'hui je suis plus vieille que toi alors que j'avais neuf ans de moins que vous... " Ainsi commence La Fausse Veuve. Tutoyant et vouvoyant dans la même phrase son amant disparu, l'héroïne lui raconte, et nous raconte, dix ans après, l'histoire qui leur a été volée. Ce que furent leur amour, leurs moments de bonheur, et aussi le désespoir, leurs muets tête-à-tête à l'hôpital quand, victime d'un grave accident cérébral, il s'écroule, et se réveille paralysé et privé de parole. Face au drame du " locked-in syndrome ", face à la destinée légendaire d'un personnage que les médias se sont approprié, une femme n'oublie pas qu'il était un homme. Comment se parler d'un souffle ? Comment s'aimer sans se toucher ? Comment lire les battements d'un cœur au rythme d'un battement de paupières ? C'est ce chemin escarpé, compliqué, et parfois très éloigné du deuil, qu'on suit dans ce roman en s'arrêtant sur les cases de l'enfance, en reculant sur celles de l'amour et de la religion, et en sautant à pieds joints sur celle (le la mort comme au jeu de la marelle.

Florence Ben Sadoun est directrice de la rédaction de Première, journaliste à Elle et chroniqueuse cinéma à France Culture.

Permettez-moi de vous dire que suis à la fois flattée et surprise mais aussi un peu inquiète car c'est la première fois que je suis approchée par quelqu'un pour parler d'un livre. Je remercie Violaine de chez les filles.com et Denoël pour cette confiance.

Je suis inquiète car ce livre, je ne sais pas comment en parler. Il est à la fois dérangeant et intéressant.

Avant toute chose, la présentation de l'éditeur resitue le contexte du roman et ceux qui ont lu ou vu "le scaphandre et le papillon" comprendront.

Ce livre est dérangeant, car par certains cotés, on a l'impression que l'auteur Florence Ben Sadoun règle des comptes : avec son ex-amant devenu son compagnon officiel neuf mois avant son accident cérébral, avec l'entourage de cet homme, avec les "faux-amis" de son compagnon, avec le monde professionnel qu'ils côtoyaient de concert, évoluant dans la même entreprise, avec le monde médical où semble-t-il certaines personnes se sont appropriés ce malade "spécial" avec une Cour féminine assidue.

Le texte est dérangeant aussi car dans l'explosion de sentiments qui l'assaille, après l'accident de l'être aimé, on ne sait plus trop où elle en est elle-même. Cet amour que l'on pressent est gommé par son ou ses aventures, purement sexuelles ?

Enfin la lecture d'un chapitre m'a saisie d'émotion et troublée tant j'ai eu du mal à interpréter le rapport entre la cause et les conséquences.

Je lis :

"Je hurle, je raccroche, je pleure et un jour je craque encore. Je ne viens plus, je ne suis plus ta favorite autour de ton lit"...

"je te quitte. Sans paroles. Sans regard"...

Puis après quelques retours sur leur passé et leur rencontres

"Pardon, d'avoir été la dernière femme que tu as aimé debout...La seule à qui tu as cligné très difficilement un message, avant de sombrer dans le coma définitif stade III...je meurs tu restes"

Je n'ai pas pu m'empêcher de penser : tant qu'il y a de l'amour, il y a de la vie...

Ce livre est pourtant intéressant à plus d'un titre :

J'aime beaucoup l'efflorescence des sens de Florence Ben Sadoun : les lieux, les couleurs, les odeurs, les cris renvoient à sa propre histoire. Une exacerbation des sens, généré par ce drame qui la remue elle, et nous laisse entrevoir la femme fragile, détruite, perdue qu'elle a pu être à ce moment là, même si le flash-back est un peu long et confus quelquefois.

J'ai aussi aimé sa révolte lorsqu'on lui dit en guise de consolation à l'hôpital cette phrase par trop souvent entendue, que de toutes façons "il préférerait être mort qu'un légume".

J'admire enfin en cette femme le cran d'être allée jusqu'où elle pouvait.

"j'ai peur d'entendre votre peur, peur de voir votre coeur"

" ils ne vous ont laissé qu'un oeil pour faire savoir que vous êtes là et pour vous défendre. Ce fil qui nous unit et qui te relit surtout à la vie est d'une puissance insoupçonnable"

Ce livre, je l'ai senti comme un plaidoyer pour la vérité, la vérité de Florence Ben Sadoun, vérité par rapport à ce que les médias ont pu retranscrire de la vie de cet homme pour la remettre à sa juste place : la vie d'un être humain avec ses qualités et ses défauts.

Vérité par rapport à ce qu'elle, Florence, a vécu face à ce drame, qu'elle a forcément vécu de près. N'importe qui aurait vécu de près ce drame serait à tout le moins bouleversé. Et j'ai personnellement eu l'impression qu'elle dévoilait son vécu en toute sincérité. Elle nous crie son existence à ce moment là et je veux bien l'entendre sans la juger !

Ce livre a été très inégalement reçu. Quelques critiques chez, Amanda, Argantel, Sybilline, Cathulu , Aelys  et d'autres.

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Commentaires
T
c'est exactement cela !
S
Tout à fait d'accord avec toi, c'est un livre dérangeant, surprenant même. Souffre-t-elle de la perte de l'être aimé ou souffre-t-elle davantage encore de n'avoir pas été reconnue publiquement comme l'élue de l'amant décédé?
T
oui et comment ! Bonne semaine à toi :-)
L
Sujet difficile en tout cas !
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